Page:Variétés Tome X.djvu/255

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differentes, je n’ai jamais pû devenir or potable, quelque soin qu’on y ait apporté : je suis revenu en monnoye plusieurs fois, et il n’y a point d’usage où je n’aye été mis : tantôt j’ai été employé pour payer, tantôt pour prêter, tantôt pour donner, rarement pour honorer la vertu, mais plus rarement encore pour la récompense d’un poëte. Les choses magnifiques qu’ils disent de tous ceux qui leur peuvent faire du bien leur sont presque toujours inutiles.

——--Leur merite est toujours connu ;
——--Mais les grands seigneurs sont étranges,
——--Et qui subsiste de louanges
——--Vit avec peu de revenu.

« Mais, pour ne m’arrêter pas davantage, il faut que je t’apprenne que j’ai presque couru toute la terre, que j’ai été sequin en Turquie, mouton à la grand-laine9, noble à la rose10 et jacobus en Angleterre,


9. C’est un mot que maître Isarn a trouvé dans Rabelais (liv. I, ch. 8, § 3, et liv. III, ch. 2). On appeloit ainsi une monnoie d’or fin qui eut cours depuis saint Louis jusqu’à Charles VII. Elle valoit 12 sols 6 deniers d’argent, et portoit sur la face un agneau, avec ces mots autour : Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.

10. Monnoie d’or qu’Édouard III fit frapper en 1344. On l’appeloit noble à cause de la pureté du son or, et à la rose parce que sur le revers elle portoit la rosé de Lancastre et d’York. Dans les Bigarrures de Des Accords, 1608, in-12, p. 14, se trouve représenté un noble à la rose à l’effigie de Henri VIII ; il valoit alors cent sous, d’après le taux