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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/123

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dans le métro ! rigola un loustic, au moment où la rame entrait en gare.

Dans le wagon de première où nous montâmes, les lampes restaient intactes, les voyageurs indifférents. Le souterrain, sans doute, n’était pas encore contaminé en direction de la porte Champerret.

« Europe »… « Saint-Lazare »… le long corridor souterrain… la rotonde avec ses vitrines éclairées du dedans comme à l’ordinaire, mais quelques lampes extérieures « malades »… Et l’escalier « cour du Havre » nous mit sur le trottoir même du Terminus.

De nombreux badauds arrêtés devant le café semblaient attendre un événement. Mais il ne se produisait rien. Dans la belle journée d’octobre, la terrasse peuplée de consommateurs avait repris son aspect habituel ; de même à l’intérieur, sur les appliques et les plafonniers, les ampoules astiquées et non allumées, restaient nettes.

Sans ce que nous venions de voir dans le métro, on eût pu se leurrer, croire à l’évanouissement de la menace.

Mais non, toutefois ! Sur la chaussée, dans le flot des taxis et des autobus, rares étaient à présent les véhicules qui ne traînaient pas, soit au marchepied sur la boîte d’accumulateurs, soit sous le châssis à l’arrière du moteur, leur goitre loqueteux de fongosités rousses. Quant aux tramways, chaque voiture soulevait au passage, entre ses roues, une gerbe de boue sèche… de