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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/122

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à un lambeau d’étoffe rouge déchiquetée. À cette vue, mon cœur se serra d’appréhension, et Aurore poussa une espèce de soupir horrifié. Mais ni elle ni moi n’émîmes aucune réflexion. Au bout de l’escalier, en croisant les sortants, nous reconnûmes entre leurs mains le fatidique feutrage corail né des spores extraterrestres… Le lichen avait commencé d’envahir le métro !

C’était peu de chose encore, à la vérité, comme nous pûmes le voir sur le quai de la station, en attendant notre rame. Çà et là, le long des six rails (les deux rails conducteurs et ceux des voies), des plaques rouges où des bourrelets champignonnants tachaient le luisant du métal. Parmi la rangée des ampoules d’éclairage, à la voûte, quatre ou cinq seulement portaient la résille rouge caractéristique de la contamination.

— Qui sait, Aurore ! dis-je à l’oreille de ma compagne, la virulence des germes diminue peut-être, s’épuise…

Elle me regarda, un reproche dans ses yeux francs et loyaux.

— Pourquoi essayez-vous de me tromper, Gaston ? Ce n’est qu’un début.

C’était l’avis général du public, autour de nous. Penchés au bord du quai, ou levant les yeux vers les lampes, des gens se montraient les stigmates alarmants. Dans un groupe, un gros homme pérorait, vitupérant la Compagnie et le Gouvernement.

— Allons, il y a de l’espoir ; on va se gratter aussi