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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/152

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tâtons. À mi-chemin de « Chambre-des-Députés », on ralentit encore, puis on stoppa. Au bout de deux ou trois minutes, faux départ : on avança de quelques mètres ; puis nouvel arrêt, définitif.

Bien qu’elles soient assez familières aux Parisiens, ces pannes en plein tunnel sont toujours un peu inquiétantes ; on songe à l’accident possible… Aujourd’hui, dans ce wagon éclairé par des ampoules sanguinolentes et entouré d’une rumeur de menace monstrueuse, c’était angoissant.

L’arrêt, indéfiniment… L’impatience, parmi tous ces gens pressés d’arriver à destination, rompit le mutisme. On murmura, d’abord à mi-voix, puis tout haut.

— Et alors, qu’est-ce qu’ils attendent ? grincha un homme à chapeau rond et à conserves fumées : un professeur, sans doute.

— Occupez-vous donc de la lampe au-dessus de vous, lui lança le boy-scout. On recommence à ne plus voir clair.

Aurore leva vers moi sa montre de poignet, où je lus : 15 h. 27.

— Je n’arriverai plus à la demie.

— Et il est capable de ne pas vous recevoir, si vous êtes en retard !

Le silence retomba. On se taisait, dans l’espoir d’entendre un signal, dehors, un ordre du chef de train, le bruit de pas d’un employé sur la voie. Mais dans le silence sonore du souterrain, ce n’était toujours qu’une