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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/172

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— Mais ça n’est que pour un jour ou deux, bien sûr ; autrement la Compagnie ne lui donnerait pas demi-salaire… Aujourd’hui qu’il fait beau, il en profite pour se balader. Il va avec des copains, à la Tour Eiffel, cueillir du zébi.

— Du quoi ?

— Du zébi. Vous n’avez pas vu ? On commençait à en vendre déjà hier au soir dans le quartier, sur les petites charrettes. C’est quasiment de la confiture et ça pousse sur les antennes de la Tour. Il paraît que ça a bon goût ; mais moi, quand même, je ne voudrais pas y toucher. Si Antoine en rapporte, il pourra tout manger… Vous en mangeriez, vous, monsieur Delvart ?

Je me ressouvins de la « gelée de framboises » du jeune Frémiet.

— Ma foi, oui, madame Taquet. Pourquoi pas ? Il faut prendre les bienfaits de la science avec ses inconvénients. Si la police n’interdit pas la cueillette, c’est que le zébi est inoffensif.

La brave femme hocha la tête, mal convaincue.

— C’est égal, j’ai idée que ça ne doit pas être sain.

En manière de parenthèse, je dirai tout de suite que la même répugnance manifestée par ma concierge régna au début chez bien des gens du peuple, qui eussent dû pourtant accueillir comme une manne céleste cette variété comestible de Xénobie, friandise économique qui compensait pour une faible part les inconvénients des autres formes du Lichen. Les petites charrettes à bras que je