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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/180

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rendez-vous ; mais Luce n’en avait pas fini. Elle tint à choisir plusieurs toiles, dans le lot de mes « calanques » rapportées par son frère. Elle avait un coup de Bourse en train, de réussite sûre, et se hâtait de faire un placement or.

La discussion et le choix des tableaux eut lieu avec le concours d’Aurore. Elle y mit tant de complaisance que je la soupçonnai d’être heureuse de l’occasion qui la privait du tête-à-tête avec moi, malgré sa promesse de la veille. Elle n’était pas sûre du bon camarade !

Quand ces interminables palabres furent conclus, par l’achat de quatre toiles que Luce me paya d’un chèque, il était 11 heures et demie. Aurore et Luce semblaient dans les meilleurs termes. Cela m’agaçait, mais j’éprouvais néanmoins un secret plaisir à les considérer ainsi, à les confronter l’une à l’autre.

Revenant à ses projets de spéculation, Luce disait à sa nouvelle amie :

— Je viens de prendre position à la baisse sur les électriques, à la hausse sur les pétrolifères… à terme, malheureusement. Si j’avais quelques centaines de millions disponibles, je raflerais tous les titres pétrolifères du marché… Vous ne suivez pas les cours de la Bourse ?… Ni toi, naturellement, Tonton ?… Hé bien, la Royal Dutch a fait hier 400 francs de hausse, et la Shell dépasse le cours de 700 !

En prononçant ces phrases misérablement vénales, Luce s’échauffait, prenait son expression suprême et