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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/191

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tive d’hostilités. La démonstration avait-elle eu lieu, prématurément, sur le passage de quelque auto de personnages officiels, pris pour les Américains ? Ou la dégustation aux petites charrettes de l’économique et succulent zébi avait-elle lénifié les sentiments des chômeurs du Métro et des tramways ? Je l’ignore. En tout cas, ce furent des acclamations confuses, saluant des noms indistincts ( « Vive Mme Curie ! » crus-je entendre… à l’adresse de Luce ou d’Aurore !) que notre voiture reçut à sa sortie, fonçant par le portail et virant en vitesse vers Paris, sur la route de Flandre.

Quinze minutes plus tard, après une seule courte panne et sans que dix paroles eussent été prononcées dans la voiture, celle-ci s’arrêtait devant l’hôtel Métropole : Aurore, son père et Cheyne descendaient, et ce dernier, d’un « Thank you very much » et d’un shake-hand définitif, montrait sa ferme volonté de n’être pas escorté plus avant. Aurore put tout juste me glisser :

— Je tâcherai d’aller chez vous demain ; téléphonez-moi en tout cas vers 9 heures, avant que je sorte.

J’allais descendre aussi, mais Géo, avant de rentrer avec Luce rue Legendre, tint à me « remonter » jusqu’au bas des escaliers Caulaincourt. Durant le bref trajet, je bénéficiai encore de ces réflexions de Luce :

— Tonton, tu es un minou, de m’avoir fait connaître ton modèle et son fiancé. Je te revaudrai ça… Quel type épatant, ce Cheyne ! Un vrai Américain lui, pas comme cette vieille noix d’Oswald, et tout autre chose que sa