Aller au contenu

Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

territoire français. Mademoiselle, messieurs, j’ai bien l’honneur…

Le Yank, s’il parlait mal le français, devait mieux le comprendre. Il répondit par une inclinaison goguenarde au salut du commissaire, tandis qu’Aurore et son père semblaient se résigner à l’inévitable et donner un acquiescement définitif à Nathan, qui paraissait triompher. Je m’inquiétai : quelle décision allait provoquer cette mesure de police ?

La phrase anglaise que Cheyne adressa au père et à la fille entre deux mâchonnements de chewing-gum, avait un accent d’humour à froid, et je restai en doute s’il parlait pour de bon, même après que le complaisant Géo m’en eut donné la traduction.

— Il a dit : Allons, après ça, le plus sage serait de retourner en Amérique.

Mais le Yank ne s’en laissa pas moins guider vers le « turbo », où nous primes place. Nathan accompagna Aurore et Oswald jusqu’à la portière et les quitta sur un dernier : « À ce soir donc », pour gagner sa propre voiture.

Géo empoigna le volant comme s’il tenait notre sort entre ses mains et sous sa pédale d’accélération. Mais, aux grilles de l’aéroport, la foule, dix minutes plus tôt compacte, vociférante et hissée sur les toits des hangars, était réduite à une simple rangée de curieux obstinés, et les gardes républicains qui veillaient aux portes n’eurent pas à protéger notre fuite contre la moindre tenta-