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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/195

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N’avais-je plus aucune chance de m’entretenir avec elle ? de mettre à profit son aveu ? Regrettait-elle cet aveu au point de chercher désormais à m’éviter le plus possible ?

Après une insomnie prolongée, où je tournai et retournai des projets dont le moins fou était encore de suivre le trio en Amérique, je finis par m’endormir d’un sommeil agité et rempli de songes funestes.

Lui téléphoner vers 9 heures ?… Mais attendre cette heure-là chez moi m’apparut dès mon lever à l’aube, intolérable. Sitôt habillé, à 7 heures et demie, je descendis. En passant devant la loge, je vis M. et Mme Taquet attablés. Sur deux assiettes tremblotait la gélatine rubis du lichen comestible… du zébi rapporté la veille de son excursion à la Tour Eiffel par le wattman en congé. La portion que madame dégustait à pleine cuiller n’était pas moins copieuse que celle de monsieur.

Sous couleur de prendre mon courrier, j’entrebâillai la porte.

— Pas de lettres pour moi ?

— Non, monsieur Delvart. Le facteur n’est pas encore passé. Mais voici toujours votre Matin.

J’affectai de loucher vers son assiette.

— Bon appétit !… Hé, hé, madame Taquet, ce n’est donc pas si mauvais, le zébi, vous y venez, je vois.

— Il faut bien profiter pendant que c’est frais, monsieur Delvart ; ça serait gâté d’ici ce soir ; et mon mari