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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/211

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ter ; accepta néanmoins de voir « un de ces jours » mes « calanques » rapportées de Cassis.

Sur le boulevard Saint-Michel, quelques derniers autobus, taxis et autos, traînant péniblement leurs grappes de lichen, ou échoués en panne, étaient déjà en infériorité numérique par rapport aux voitures à chevaux, dont les cochers, l’air hilare, semblaient prendre une revanche sur l’ordre de choses mécanique. Mais ce qui paraissait le plus singulier, c’était de voir en cette saison des voitures d’arrosage envoyer sur le pavé de bois ou l’asphalte, comme en plein été, des nappes liquides. La forte odeur d’eau de javel dénotait un essai de stérilisation et de lutte contre le fléau.

Mon oncle Frémiet me reçut sans son empressement habituel ; il m’en voulait un peu de lui avoir présenté sous un faux nom la fameuse Aurore Lescure… L’Écho de Paris (que je n’avais pas lu) ayant donné mon interview au Bourget. Mais il prit vite la chose en plaisanterie, et cette petite pique s’évapora. Il ne se doutait bien entendu pas qu’il devait à mes visites l’honneur d’avoir vu le lichen se déclarer chez lui un des premiers dans Paris, mais s’il l’eût su, comme la contagion était de toute façon inévitable tôt ou tard, peut-être m’eût-il remercié. Car il voyait à cette priorité une compensation suffisante dans la publicité gratuite que valaient à son nom et à sa firme les interviews et les photos publiées dans les quotidiens. Quoique l’avantage, au demeurant, fût assez platonique :