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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/216

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quasi funèbre, avec ses sombres falaises des façades, au lieu du flamboiement d’électricité habituel. Çà et là, sur le boulevard de Sébastopol, en des îlots épargnés par la contamination, quelques lampadaires brillaient encore, des vitrines déversaient leur illumination intérieure, saumonnée ou bleue, de tubes au néon et au mercure ; mais au carrefour du boulevard Saint-Denis, la perspective des grands boulevards n’était qu’un noir coupe-gorge, un mail d’arrière-province, piqueté de dérisoires becs de gaz. De même tout le boulevard Magenta, que je remontai, et où les étaux de zébi, sous leurs quinquets à pétrole, aggravaient les ténèbres. Sur le boulevard Barbès, dans le court trajet du boulevard Rochechouart au Château-Rouge, je retrouvai l’électricité et marchai allègrement ; mais à partir de la rue Custine et jusque chez moi, de nouveau l’obscurité déprimante…

Aucun pneumatique d’Aurore ne m’attendait dans la loge, où les époux Taquet jouaient au besigue à la lueur d’une couple de bougies fichées dans des goulots de bouteilles. Une misérable lampe Pigeon brûlait dans l’escalier…