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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/215

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Luce et moi, avec Rosenkrantz et Cheyne. Ce digne fils de la prohibition a entrepris une grande étude comparative des cocktails de la Babylone moderne… Ce qui ne l’a pas empêché de « businesser » avec Rosenkrantz, qui lampait sec, lui aussi… Elle a découvert son type, ma frangine, l’Américain complet de ses rêves. Et Cheyne lui trouve sûrement le génie des affaires, car il l’écoute comme un oracle ; mais il n’en persiste pas moins à se déclarer misogyne, tout en affirmant qu’il épousera Aurore Lescure sous peu. Et ce n’étaient pas des propos d’homme saoul ; il avait toute sa lucidité, cocktails à part… Enfin, ils m’ont l’air partis pour brasser de grosses affaires ensemble ; et avec Rosen pour eux, je ne serais pas étonné qu’ils réussissent ; mais je me demande si cela finira par un mariage comme ce serait à souhaiter… car Lucy pourrait tomber plus mal…

Et moi donc ! comme je bénirais ce mariage, s’il pouvait se faire ! Mais le Cheyne doit avoir de bonnes raisons d’intérêt pour tenir à Aurore…

Méditation en douche écossaise, où l’espoir et le découragement alternent leurs répliques à l’instar des chœurs de tragédie grecque, tandis que je regagnais pédestrement les hauteurs de Montmartre dans l’espoir de trouver chez moi un pneumatique d’Aurore…

Promenade aussi sombre que ma rêverie, et traversée comme elle de lumières passagères. Conformément à l’arrêté du Préfet de police sur les enseignes et journaux lumineux, le carrefour du Châtelet offrait un aspect