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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/221

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d’ailleurs, que j’hésiterais, malgré… ce que vous savez, car ce serait aller contre les intérêts de mon père…

« Vous jugerez comme moi, je l’espère, mon cher Gaston, que le sort a agi pour notre bien… pour notre moindre souffrance, plutôt, en nous empêchant de nous revoir actuellement. Cela vaut mieux pour tous deux, pour votre tranquillité d’esprit comme pour la mienne. Je sais que vous m’aimez ; vous savez que ma froideur n’est qu’apparente et obligée ; que, sous la camaraderie que je vous ai témoignée dès le premier jour de notre rencontre, s’est développé malgré moi et presque à mon insu un sentiment plus tendre. Je vous l’ai avoué une fois ; c’est déjà trop. Je ne veux pas m’exposer à la nécessité, au danger de vous le redire, les yeux dans les yeux, comme cela n’eût pas manqué si j’étais allée vous voir aujourd’hui.

« Quelques jours de réflexion vous permettront, d’envisager avec plus de sérénité la situation. Mais je ne renonce pas à vous revoir ; je ne le saurais, hélas ! À bientôt donc, cher, trop cher ami.

« AURORE.

« P. S. — Je serai forcée de revenir à Paris d’ici peu. La date exacte dépendra du succès de nos recherches ».

Devant le chevalet d’où me regardait le portrait commencé, éclairé par le jour blafard de cette matinée pluvieuse du 23 octobre, je relis la lettre, écrite sur