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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/243

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voyage, oui, mon bon ! Et il m’a fallu subir deux désinfections en cours de route, au sortir des zones contaminées. Le première à Orange, frontière de la région sud-est. Pis que pour passer la douane ! On nous a fait descendre de notre train supposé infecté, mettre un masque à gaz et passer dans une chambre, avec nos bagages à main. Là, pulvérisations au brome. Puis dans un autre hangar, l’épreuve du « sporoscope », pour voir si nous ne transportions plus de spores. Puis monter dans un autre train puant le brome… Même histoire après Lyon, zone infectée, à Villefranche. La France est fractionnée en un tas de petits pays. Il est vrai qu’avec la lenteur des communications actuelles, c’est comme si elle était devenue quatre ou cinq fois plus étendue…

— Notez, d’ailleurs, mon cher Delvart, qu’en partant de Marseille, avant-hier, il n’était pas question de décret ; sinon je ne me serais pas mis en route… Un sale coup pour moi, cette « loi électrique » ; mais j’ai quand même bien fait de venir à Paris…

Ce que m’avaient conté les Ricourt, de ses ennuis à Cassis, n’était pour Alburtin qu’un prélude. Le rendant responsable de l’importation du lichen, les pêcheurs de Cassis, dont les bateaux à moteur ne fonctionnaient plus, joints aux ouvriers des usines de la Bédoule équipées électriquement et immobilisées par des courts-circuits, s’étaient portés en masse, un beau soir, sur la