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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/242

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— C’est bien dommage ; car si la France n’avait pas été isolée si vite, le monde entier eût été envahi par le lichen, et alors, adieu pour les matamores l’espoir de mobiliser de sitôt. C’était la fin des guerres.

— Oui, mon oncle, mais vous ne songez pas à ce que deviendrait la civilisation, si l’électricité devait rester abolie de notre monde ?… Et vous-même, comme photographe…

— Bah, il ne faut pas penser qu’à soi. Et on peut faire de la photographie au magnésium. On s’est contenté longtemps de la lumière du soleil. Commodité de métier à part, je n’y tiens pas tellement, à l’électricité. On s’en passait il y a cinquante ans, et la civilisation, comme tu dis, ne s’en portait pas plus mal. Si cette perte devait être compensée par une abolition durable de la guerre, je la bénirais de tout mon cœur.

— Mais on continuerait à s’entre-tuer avec d’autres moyens… C’est une nécessité de la nature humaine…

Ma tante, comme toujours lorsque mon oncle émettait ses propres subversifs, soupirait en silence et me lançait des regards éplorés. J’eus pitié d’elle, et n’insistai pas.

Ce même jour du 25, quelques heures avant cette soirée familiale, alors que je restais dans mon atelier à attendre le courrier de l’après-midi, et peut-être une lettre d’Aurore, j’avais reçu la visite d’Alburtin.

— Parti de Marseille le 23, à 4 heures de l’après-midi, arrivé ce matin à Paris, à 6 h… Trente-huit heures de