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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/245

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— Pauvre ami ! Vous arrivez trop tard ; personne ne se gratte plus ici depuis hier.

— Avec votre loi électrique, c’est fichu. Et qui sait quand je recevrai l’indemnité que je réclame au gouvernement pour le saccage de ma clinique ! Il va falloir établir les responsabilités, que la ville de Cassis et l’État se rejetteront l’un l’autre, pour n’avoir su empêcher cette émeute… Enfin il y a quand même du bon. J’ai vu Nathan, et il m’a donné un poste de préparateur dans son usine de recherches d’Eyguzon. Au nom de sa vieille amitié envers son ancien élève, m’a-t-il dit. Peut-être aussi a-t-il eu des remords de ne m’avoir même pas nommé dans son article de l’Intran… Mais admirez l’ironie des choses : je serai là-bas sous les ordres de Mlle Aurore Lescure… elle qui a fait au monde ce joli cadeau qui me coûte si cher !

Cette annonce me fit regretter de n’être pas moi-même un scientifique, qualifié pour obtenir une situation analogue. Je serais là-bas auprès d’elle au lieu de me ronger à Paris…

J’enviais de tout cœur le malheureux Alburtin.

Comme il partait le soir même pour Eyguzon, je lui confiai une lettre déjà timbrée que j’avais compté mettre à la poste, et dans laquelle je suppliais Aurore de me fixer la durée de sa présence au laboratoire. Cette seule incertitude, en effet, m’avait retenu ce jour-là de prendre le train ou de filer à vélo vers elle. Mais partir au