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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/246

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hasard m’exposait à faire un voyage inutile, et, pis encore, à la manquer, puisqu’elle devenait revenir incessamment à Paris. Cette lettre, dictée par mon cœur, contenait, je crois, des mots capables de la toucher, et j’avais eu le courage de ne pas faire allusion à l’intimité Cheyne-Luce.

La manifestation des sans-travail, le 25, fut un premier indice du mécontentement croissant et de la lassitude qui allaient mettre fin à la paisible résignation des premiers jours de la Grande Panne.

Une certaine quantité de chômeurs avaient trouvé à s’enrôler dans la brigade spéciale de police anti-électrique, improvisée pour assurer l’obéissance au décret. Ces détectives d’un nouveau genre partaient en guise d’insigne un brassard rouge avec un « X » (Xénobie) doré. D’où le populaire apprit à les nommer : « les X », ou « les électriques ». Il y en eut dans les gares, sur les routes aux frontières de la zone parisienne, dans les services de désinfection, et ceux-là eurent tout de suite de la besogne ; mais ceux que l’on voyait errer dans les rues, pour vérifier si les rares automobiles en circulation satisfaisaient aux exigences de la loi, eurent si peu à intervenir, les trois premiers jours, que l’on s’habituait à blaguer en bloc « tous ces fainéants d’X, qui se la coulaient douce ». Mais leur activité ainsi que leurs attributions allaient s’étendre singulièrement et leur conférer une triste célébrité.

Quelques centaines de sans-travail encore avaient été