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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/248

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de l’électricité eût arrêté la croissance de la Xénobie et permis de balayer à l’égout les restes loqueteux des lichens, la réaction était venue. Cette « loi électrique », naguère réclamée à cor et à cri, on commençait à la trouver trop dure pour la capitale. Les quartiers restés indemnes se prétendaient lésés sans cause suffisante : pourquoi ne pas faire à Paris comme en province, où les régions saines gardent l’usage du courant ? Dans les immeubles déjà désinfectés, on aurait voulu pouvoir rallumer tout de suite les ampoules. On redoutait le passage aux désinfectants, dont certaine, le chlore en particulier, détérioraient les objets mobiliers ; et en même temps on raillait la lenteur des opérations, menées avec mollesse. À quoi bon, du reste, les continuer ? En apparence, tous les arrondissements semblaient assainis. Nulle part on ne se grattait plus. Donc, plus de spores.

— Alors quoi ! C’est fini, la Zénobie. Qu’est-ce qu’ils attendent pour rendre l’électricité, pour rétablir la circulation normale, et tout ?

Ce soir-là, sous les éclairages de fortune, becs de gaz des grandes artères et acétylène des cafés, ce n’était plus la calme détente d’un dimanche, mais une effervescence de dégoût et d’écœurement. Pas de cinémas, de théâtres ni de music-halls. Tous s’irritaient de cette vie au ralenti imposée à la capitale ; les humeurs s’aigrissaient, dans le sentiment de l’inutilité d’une pareille vie…

Le 26, cet état d’esprit s’accentua, et ce fut la révolte contre le décret. En me rendant à vélo chez les Ricourt,