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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/249

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vers 11 heures, sur le bref trajet de chez moi à la rue Legendre, je vis au moins dix fois des agents de la brigade anti-électrique dresser contravention à des automobilistes qui avaient carrément sorti leurs voitures, à blindage non hermétique. Et dans presque tous les cas, le foisonnement dénonciateur du lichen à l’arrière du châssis prouvait que des germes flottaient encore dans l’air de la capitale, Les foyers latents ne demandaient qu’à se réveiller.

Rue Legendre, à mon coup de sonnette, Géo en personne vint m’ouvrir la porte. Il me tendit le bout du petit doigt d’une main noire et grasse de cambouis.

— Excuse-moi, mon vieux, nous sommes sans servante depuis hier. Mets là ta bécane… Tu vois, j’étais en train d’arranger la mienne aussi. Mais il y a une cuvette cassée ; il va falloir que je la donne à réparer… Cette après-midi pour aller à l’usine je risquerai le coup de prendre ma bagnole. En donnant la pièce à l’X qui surveille le garage. Et dehors, j’en serai quitte, au pis aller, pour une contravention de cent francs.

— Alors, tu crois que le danger est passé ?

— Moi ? Pas du tout ! Mais qu’il y ait quelques spores de plus ou de moins dans Paris, cela n’y changera rien. La stérilisation me paraît une utopie, tant qu’elle ne sera pas opérée d’un bloc, en noyant Paris… évacué, bien entendu, au préalable… dans une nappe de gaz… Et je ne vais pas m’appuyer huit kilomètres à pied.

— Et ta mère va bien ?… Ta sœur ?