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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/256

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« Explication : une émeute communiste ? Mais une émeute, le passage d’une colonne révolutionnaire en marche sur Paris n’aurait pas laissé ce vide absolu de vivants derrière elle !

« Il est vrai qu’aux embranchements, sur les routes transversales, il y avait des groupes de gens, qui me hélaient à grands gestes, comme si je courais au-devant d’un danger. Mais ils étaient trop loin et je ne comprenais pas ce qu’ils me disaient, Et toujours la route déserte, avec toujours des cadavres, perdant des kilomètres…

« Je marchais au ralenti, assez nerveux, je l’avoue. Les paroles incohérentes du gosse me revenaient malgré moi. Je songeais vaguement à quelque machine infernale, à une torpille automobile terrestre. Mais aux approches de Paris, encaissé entre les maisons de l’avenue des Batignolles, c’était plein de gens aux fenêtres des étages, et je percevais des cris enfin distincts : « Pas par là ! Sauvez-vous ! Prenez garde, ils vont vous tuer !

« Enfin, au carrefour de la porte de Saint-Ouen, je vois sur le boulevard Ney une vingtaine d’hommes et un officier, avec une auto blindée… Juste alors, mon moteur faiblit, bafouille… Et me voilà en panne, au beau milieu du débouché de l’avenue des Batignolles, face à l’avenue de Saint-Ouen.

« L’officier, revolver au poing, semblait hésiter. Posté