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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/258

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de pharmaciens. Mais ces boules avaient un mètre ou deux de diamètre.

« As-tu lu le conte de Rosny aîné, qui s’intitule les Xipéhuz ? I a fait frissonner ma jeunesse… quand j’avais encore le temps de lire. Ces Xipéhuz, une création aberrante née sur terre aux âges préhistoriques, étaient des êtres doués d’intelligence, en forme de cônes glissant à ras du sol, et pourvus d’un œil flamboyant. Le frisson éprouvé jadis à cette lecture me ressaisit, mais réel, décuplé, devant ces boules phosphorescentes et monstrueuses. J’étais toujours en panne au carrefour, les regardant venir, perdu dans une curiosité démesurée et perverse… dans une fascination, comme l’oiseau en présence de la gueule du serpent… Les Monstres, nés dans la Centrale de Saint-Denis… fils des alternateurs et des cosmozoaires… qui, après une petite excursion dans Paris pour essayer leurs forces et reconnaître leur domaine, s’en revenaient à leur lieu de naissance, pour prendre du repos, peut-être, et leur pâture de courant…

« Hypnotisé, percevant en deux secondes et par voie d’intuition panoramique ces pensées que je t’énonce maladroitement, je les regardais venir droit à moi, à la queue leu leu, les globes lumineux vert-émeraude, les gros et les petits positivement comme une joyeuse famille qui rentre d’une partie de campagne…

« — Feu à volonté !

« Les lebels claquèrent, la mitrailleuse pétarada. De la première boule verte, des flammèches s’arrachèrent