Aller au contenu

Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sous les balles ; elle parut agitée de violentes palpitations, se déforma, comme si quelqu’un caché à l’intérieur se fût débattu, lançant coups de pied et de poing qui faisaient saillir l’enveloppe du ballon… Mais elle avançait toujours, droit sur l’auto blindée, qui finit par me la cacher. Je ne vis pas l’abordage, mais soudain une grande flamme sortit de l’auto, qui s’enveloppa de fumée.

« Les autres boules de lumière verte avaient accéléré, grosses et petites, comme enragées par les coups de feu, fonçant sur le barrage de soldats qui les fusillaient encore… Il en tomba un, deux, trois : les autres, leurs armes vidées, prirent la fuite.

« Sautillantes, rebondissantes, les boules avaient passé. Paralysé de stupeur et d’horreur, je les regardais venir sur moi, en tête la boule mitraillée réduite à moitié de sa grosseur et laissant derrière elle une traînée de substance fluorescente…

« D’un sursaut désespéré, je m’arrachai à cette catalepsie, sautai à terre et m’enfuis par le boulevard Ney…

« Quand je me retournai, je vis que ma voiture flambait, comme l’auto-mitrailleuse.

L’incursion des Chimères avait été arrêtée à la place Clichy, grâce à la présence d’esprit d’un officier motocycliste, qui avait fait stopper les pompiers de la caserne Carpeaux… un « grand départ » revenant de quelque feu de cheminée. Deux grosses lances, mises en batterie à l’entrée de l’avenue de Saint-Ouen, avaient réussi, de leurs puissants jets d’eau, à faire rebrousser chemin aux