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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/260

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globes fulminants… Mais non à leur totalité : deux de leur troupe, forçant le barrage hydraulique, traversèrent la place, où elles abattirent une centaine de badauds, et dévalant par la rue d’Amsterdam, poursuivirent leurs hécatombes jusque sur le boulevard Haussmann. Elles furent anéanties au carrefour Drouot, par les lance-flammes d’une section du génie envoyée en camion auto de la caserne de la Pépinière…

À 8 heures, quand Géo m’emmena dîner au Wepler, il ne restait sur la place Clichy, comme témoignage de l’événement, que des flaques d’eau à l’entrée de l’avenue de Saint-Ouen. Aucune trace de sang ; les victimes, enlevées par les ambulances, avaient succombé à d’horribles brûlures.

Mais nous vîmes la montée de cette espèce de fièvre obsidionale qui était en train de gagner tout Paris.

L’illusoire sécurité qui régnait depuis trois jours faisait place à l’angoissante conscience d’un péril énorme, tout proche. Une rage, aussi, un désespoir que fût compromise l’œuvre de la Grande Panne et que tout fût à recommencer, par la faute des communistes de Saint-Denis. Et ce fut la colère générale contre eux qui, autant que les précautions militaires et policières, étouffa l’émeute à peine déclenchée.

La remise en marche de la centrale électrique était une provocation, une ruse pour attirer vers la banlieue les forces répressives. C’est dans Paris même que l’insurrection était préparée. Les chefs chargés de donner