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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/272

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cette évacuation, de côté et d’autre, mais cela ne veut pas dire…

— Si, si, monsieur Delvart, c’est très sérieux. Il y a une commission de nommée, le projet va être discuté à la Chambre aujourd’hui ou demain ; je le sais par un huissier du Palais-Bourbon qui l’a confié à la belle-sœur d’un camarade de mon mari… La seule chance qui nous reste, paraît-il, pour empêcher ça, c’est qu’il vienne à geler d’ici trois ou quatre jours… Même que vous avez dû entendre, il y a une demi-heure à peu près, les cloches du Sacré-Cœur ? C’était pour les prières publiques… pour demander au bon Dieu de nous envoyer du froid… Autrement, s’il ne vient pas à geler, ce serait le 2 novembre qu’on évacuerait. Et alors, qu’est-ce qu’on va devenir ? On ne trouvera jamais assez de voitures pour déménager, dites, monsieur Delvart ?

— Hé, madame Taquet, vous ne déménagerez pas ! Si jamais cela doit avoir lieu, cette évacuation, nous partirons tous les mains dans les poches, pour vingt-quatre heures au plus. Le temps d’aller en banlieue manger une paire de fritures.

— Ah ! ouiche, des fritures ! Et qu’est-ce qu’on retrouvera de ses affaires, en rentrant ? Plus rien ! Les apaches auront tout chapardé !

— Il restera de la police dans Paris, pour surveiller, je suppose, avec des masques à gaz… Mais espérons que cela ne se fera pas et que la gelée va venir.