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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/285

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de sa beauté. Je la caressais de mon regard de peintre, comme j’aurais admiré un tableau de maître. Mais par ailleurs le spectacle du Cheyne dompté me faisait pressentir une nouvelle décisive.

Soudain, changeant de ton, Luce la proclama :

— Alors, mon vieux, j’ai l’honneur de t’annoncer mon prochain mariage… le 13 novembre, dans quinze jours… avec l’ami Lendor… C’est pour commencer à monter notre galerie que nous sommes venus t’acheter des toiles.

Je dus pâlir, rougir, avoir l’air bouleversé. Un vertige de joie tourbillonnait en moi. Des larmes de bonheur, je pense, me montèrent aux yeux.

Elle s’y méprit. Vraiment, elle ne doutait de rien, Danaé ! Après mon éloignement d’elle, avec sous les yeux la preuve, dans ce portrait, que j’aimais ailleurs, elle crut, ma parole ! que je pleurais mes espérances perdues… par regret de l’en voir épouser un autre que moi ! Elle se figurait que toujours, en secret, je gardais pour elle un faible !

— Comme tu t’émotionnes, Tonton ! Je n’aurais pas cru. Aussi, c’est de ta faute, tu es trop timide, je ne pouvais pas deviner, moi. Et puis, songe, ça n’aurait jamais biché, à nous deux. Tandis qu’avec cette chère petite astronaute…

Je ne voulus pas la laisser dans son illusion.

— Non, Luce, détrompez-vous. Ce n’est pas cela, c’est tout simplement la surprise…

— Ne te défends pas, Tonton, je ne t’en veux pas, au