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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/286

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contraire ; ça te va bien, ce pleur romantique. Sois tranquille, nous restons copains. D’autant qu’il nous faudra recauser affaires… régler le dédit de leur contrat, Lendor et son ex-fiancée, qui devient ta future épouse. Car tu l’épouses, hein ?

— C’est d’elle que dépend…

— Elle ne demande pas autre chose. Ça crève les yeux. Donc, il va y avoir des questions d’intérêt à débattre avec elle et son père. Mais sois tranquille, je veillerai à ce que Lendor se conduise en gentleman.

Une seconde, je me demandai si Luce n’était pas venue me voir, en réalité, pour obtenir un compromis sur l’invention d’Oswald Lescure annoncée par le Matin, et dont les droits appartenaient exclusivement à Aurore, dans le cas où Cheyne ne l’épousait pas. Mais je compris que je m’exagérais son machiavélisme.

Et quand bien même ! Je lui eusse passé toutes les petites canailleries, à ma chère belle ennemie Luce ! Grâce à elle, les derniers obstacles étaient levés ; grâce à elle, Aurore était libre, ma bien-aimée était à moi !

— Alors, dis, Tonton ? On est toujours des copains !

Avec l’effusion la plus chaleureuse et la plus sincère, je serrai dans la mienne sa main satinée, ferme, pleine et saine de vivante statue.

Dès 17 heures et demie, enveloppé d’un épais pardessus d’hiver, car le temps s’était notablement refroidi, j’arpentais fébrilement le quai de la gare d’Austerlitz où devait arriver, à 18 heures, le train d’Aurore.