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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/39

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cette étrange manifestation vitale offrait un intérêt de curiosité ; mais je songeais surtout à la gloire qu’allait en tirer la jeune astronaute.

On frappa.

— Entrez ! cria Alburtin.

Dans le cadre de la porte parut sa femme, poussant par l’épaule d’un geste affectueux, Aurore Lescure.

— Tancrède, je t’amène une ressuscitée, bien vivante, qui a tenu absolument à se lever… Monsieur Delvart, bonjour ; excusez-moi, mes infirmières me réclament. À tantôt.

Et elle tira la porte sur elle,

Tête nue, coiffée de ses cheveux acajou comme un page de Botticelli, c’était encore une variante aux deux exemplaires d’Aurore Lescure que je connaissais : le pilote en combinaison de cuir, au serre-tête ajusté cernant le visage, vue à l’écran, et la naufragée des espaces que je ramenais hier dans mes bras. Était-ce la vraie, celle-ci en petite robe cachou, dont les longues jambes gantées de soie havane, aux muscles invisibles, donnaient une impression d’énergie discrète et souple ?

Elle s’avança vers nous, ses deux mains fines tendues, et sans salamalecs conventionnels nous serra les mains en prononçant nos deux noms, simplement, mais avec un sourire plus expressif que des discours. Son regard franc et droit me baignait d’une vie lumineuse. Je me sentais d’emblée en intimité avec elle, comme un vieux camarade. Et malgré son faux air de garçonne désin-