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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/51

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vous ai pas vu à l’écran. Je ne vous connais donc que depuis hier… ou plus exactement depuis une heure. Vous m’êtes sympathique… très sympathique, même, et je suis réellement heureux du hasard qui nous a mis en présence. Nous sommes faits, je crois, pour nous entendre et devenir de bons camarades. Je sens que vous êtes sincère, que vous pensez ce que vous me dites. C’est pourquoi je tiens à éviter un malentendu qui risquerait de tout gâter entre nous.

— Si je vous parlais d’amour ?

— Vous deviendrez le douze cent trente-huitième, tout bonnement.

— Et j’aurais le sort de mes douze cent trente-sept prédécesseurs éconduits ?

— Oui. Je suis déjà fiancée.

Et, me voyant déconfit et penaud, elle compléta :

— Fiancée par la volonté de mon père et par convenances d’affaires. Avec le directeur de la Moon Gold, Lendor-J. Cheyne.

Et de nouveau je vis reparaître sur son visage cette contention pénible que provoquait chaque allusion à la Société astronautique et à son directeur. Mais je n’eus garde de commettre une nouvelle sottise en lui offrant de mettre à son service ma donquichottesque vaillance de chevalier-errant !

Je craignais d’avoir rompu le charme. Quelques minutes, elle cessa d’être l’enfant insoucieuse évoquant ses souvenirs et me les offrant comme des joujoux ;