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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/55

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toujours en activité, faisait à cette heure un gros tas vaguement pyramidal, couleur marc de café, agité d’une effervescence bouillonnante. Les boursouflements de bulles et les petites explosions de fine pulvérulence roussâtre s’y succédaient de seconde en seconde, en un crépitement continu. On eût dit une éruption volcanique en miniature. La poussière impalpable revêtait toute chose dans la pièce, d’un voile couleur brique. Quant aux moisissures rouges sur les fils de l’ampoule, c’étaient maintenant des tumeurs grosses comme des noix.

Le spectacle avait pour moi quelque chose d’inquiétant, de répugnant. Mais les deux scientifiques étaient uniquement intéressés, et ils échangeaient des « Splendide !… Prodigieux ! ».

— Qui sait si nous n’assistons pas ici à une phase unique dans cette évolution de germes extraterrestres ? fit Aurore, pensive. Nous laissons peut-être perdre des observations d’un prix inestimable. Il faudrait un spécialiste en biologie végétale.

— Mon vieil ami Nathan, le professeur à la Sorbonne ?… murmura Alburtin. Au fait, continua-t-il, montrant la boîte verte, la provision de météorites n’est pas épuisée. Nous pourrons lui en envoyer quelques grammes demain ?

En sortant du laboratoire, Aurore et Alburtin, qui avaient manipulé les végétations, furent obligés de passer au lavabo ; et moi-même, couvert de poussière