Aller au contenu

Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus une malade, je quitterai demain la maison du docteur, et m’installerai à l’hôtel… au vôtre, puisqu’il est bon, dites-vous.

Mais Alburtin arriva, nous fit entrer au salon. Il s’informa de notre promenade, et bondit de m’entendre.

— Aux calanques ! Vous l’avez menée aux calanques, Delvart ? Mais, miséricorde ! C’était trop loin. Je n’avais laissé sortir ma pensionnaire que sur sa promesse formelle de ne pas se fatiguer.

— Je ne suis pas du tout fatiguée, docteur.

— Possible que vous ne le sentiez pas, mademoiselle ; mais tant que vous êtes à la clinique, je suis responsable de votre santé. Mme Narinska aura ordre de vous coucher ce soir à 9 heures tapant.

Il affectait un ton bourru ; puis redevenant amical :

— Croyez-moi, ma petite, ne veillez pas trop tard ; vous en serez plus alerte demain.

J’allais prendre congé, avec le regret de n’être pas invité à dîner, comme je l’espérais, mais Alburtin m’administra dans le dos une de ses claques joviales et exaspérantes.

— Un instant, Delvart ; venez jusqu’au laboratoire… et vous aussi, mademoiselle. Ça pousse toujours, ma petite horticulture en chambre.

Cela poussait, en effet ! Dès la porte du laboratoire, une légère odeur de roses en putréfaction prenait aux narines. Envahissant la table, la masse spongieuse née de la poussière météoritique, sous l’ampoule à rayons X