Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/119

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Callinique avait veillé sur l’Orient avant que Charles Martel se fût armé, et le feu grégeois incendiait déjà les flottes musulmanes. Ce moment de la puissance et de l’ascendant du christianisme, engagé dans ce qu’on appelle avec tant de fatuité aujourd’hui la nuit du moyen-âge, n’a pas été assez étudié : il en valait cependant la peine. Quant à nous, nous devons faire remarquer que cette lacune, que nous ne pouvons pas même songer à réparer ici, quelque sommairement que ce soit, a singulièrement oblitéré l’histoire de nos arts.

Le fait est que l’église, libre désormais de toute inquiétude, se pencha enfin avec bienveillance, et de son propre mouvement, vers l’art païen râlant à ses pieds. Elle abrita ses derniers essais, et recueil, lit, autant que la pudeur le permettait, ses anciens chefs-d’œuvre. Son enceinte offrit un sûr asile à plus d’une idole, même au temps où les empereurs renouvelaient les édits qui les proscrivaient. Ses péristyles, ses portiques et ses catacombes, s’encombrèrent de tout ce qui fut à son goût : autels, trépieds, vases, lampes, colonnes, chapiteaux, basreliefs, sarcophages et mosaïques. Il y a plus ; l’église s’apprêta, comme nous le dirons plus explicitement ailleurs, à soutenir une lutte qui pouvait devenir dangereuse pour elle. Comme nous l’avons dit ici même, elle avait voulu d’abord laisser sans solution la question délicate des images. L’empereur Léon III, homme rigide et sincère, mais égaré sans doute par un zèle indiscret, et par l’orgueil du pouvoir, voulut la trancher. L’église se redressa fié-