Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/120

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rement, tint ferme, et confondit finalement l’espoir des iconoclastes, soutenu cependant par l’effort exalté et le long règne des trois princes de la race isaurienne, la seule, peut-être, qui ait fourni au trône d’Orient des hommes d’un aussi grand caractère. Cette querelle, longue et acharnée, dans laquelle les papes montrèrent un si grand courage, et les empereurs un si grand emportement, décida probablement des destinées de l’art en Europe, ou du moins fut la cause, nous dirons presque le prétexte visible de leur développement. Et c’est à ce point précis de l’histoire que les arts pourraient sembler avoir été sauvés par l’église romaine.

En effet, ce n’était point un médiocre danger pour eux, que les jeunes nations de l’Occident se prissent à réfléchir sur la grande question pour laquelle on convoquait leurs soldats et leurs conciles. Moins esclaves encore de la forme, plus dégagés de besoins et d’habitudes que les vieilles races de l’Orient et du Midi, combien n’était-il pas à craindre qu’elles se prononçassent dans le sens austère et rigoureux de la difficulté ? Ce n’est point là, certes, une supposition gratuite ; ce conflit funeste manqua tout engloutir. Charlemagne fut sur le point de jeter sa lourde épée dans le plateau, chargé déjà de la colère de l’isaurien, et de la brutalité du mahométan. Charlemagne voulut lui-même dicter un livre contre les images, et les évêques francs et germains, assemblés à Francfort au nombre de trois cents, poussèrent unanimement un cri d’indignation contre la tentative idolâtre de Rome, qui anathématisait Constanti-