Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/195

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mobiles étroits, perdre son temps à l’histoire des pauvres siècles où se rencontrèrent Cimabue, Arnolfo di Lapo, Niccola de Pise, le Giotto et l’Orcagna. Peut-être il eût marqué l’ère de la rénovation des arts aux temps plus rapprochés des Masaccio et des Brunelleschi. Pourquoi ne le croirions-nous pas ? n’avons-nous pas vu tous les académiciens, depuis le Vasari, se gêner encore moins et commencer seulement à compter avec l’art, à partir de Michel-Ange et de Raphaël ? De façon qu’il a été entendu, dans nos écoles, que l’art avait été anéanti pendant tout le cours du moyen-âge, ou au moins n’y avait eu qu’une existence douteuse, et complètement dégradée ; de façon encore qu’en vertu de ces idées fausses, on a été conduit naturellement à l’abandon de tout examen et de toute étude de ses productions encore subsistantes. Les utiles indices que la pratique progressive pouvait mettre à profit ont été radicalement négligés, ainsi que les enseignements précieux qui pouvaient en ressortir dans l’intérêt de l’histoire et de sa théorie. Cependant, dans cette longue période, dans cette large portion de la vie antérieure de l’humanité, qu’on repoussait ainsi du pied sans lui accorder l’honneur d’un regard, n’y avait-il rien à regretter et à sauver ? Dans cette décadence, dans cette barbarie même, n’y avait-il pas à recueillir bien des documents transmis par des âges meilleurs et découlant de la source vénérable de l’antiquité ? Les artistes de la décadence n’étaient-ils pas les héritiers en ligne directe de ces artistes anciens dont les monuments nous étonnent et nous