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ANDREA.

ce genre de bienfait, ces perfectionnements techniques que Florence en toute sincérité devait reconnaître, et dont elle devait par la bouche du Vasari remercier Andrea particulièrement, ne sauraient constituer une réelle initiation à l’art. Il ne faut pas confondre ainsi les choses. Le moyen n’est pas le but, et l’inspiration ne dérive pas de l’outil. À ce compte, nos ciseleurs, nos fondeurs, nos orfèvres, nos graveurs en médailles et nos émailleurs d’aujourd’hui pourraient se croire, à cause de certains perfectionnements introduits dans la pratique, supérieurs comme artistes, non seulement aux premiers Pisans, mais encore au célèbre Andrea lui-même, et ils auraient bien tort. En effet, quoique nous ne trouvions pas que, pour l’avancement général, le sentiment de l’art, chez les sculpteurs pisans, puisse se comparer à celui qu’a pu manifester le Giotto, nous sommes très éloignés de dire qu’ils en aient été dépourvus. C’était beaucoup assurément d’aplanir la voie aux savantes recherches de Jacopo délia Quercia, des Verrocchio, des Cellini, et des Bolognèse ; de faire, par exemple, et entre autres, les premiers essais de la fonte à cire perdue. Admirable procédé de la sculpture italienne, par lequel l’œuvre du sculpteur n’arrive pas dégradée, fatiguée, rèche ou amollie sous les racloirs qui doivent s’en emparer nécessairement après la fonte en sable. Admirable procédé auquel nos sculpteurs feront bien de revenir, car son abandon suffit pour expliquer pourquoi les objets de bronze sont tombés chez nous dans le domaine de la pure industrie.