Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/416

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d’autres hérétiques et philosophes avec leurs livres déchirés en lambeaux, tandis que Platon et Aristote montrent le Timée et l’Éthique. Le Rédempteur au milieu des quatre évangélistes occupe le haut du tableau et bénit saint Thomas auquel il envoie l’Esprit saint. Cette composition valut de grands éloges à Francesco Traini, qui surpassa son maître dans le coloris, l’harmonie et l’invention. Andrea, du reste, n’est pas moins bon dessinateur, comme on peut le voir dans notre recueil (6).



Il faut ici retourner sur nos pas, récapituler les choses et rappeler les hommes que nous avons déjà vus, si nous voulons connaître à fond le génie et les œuvres de l’Orcagna.

Avant Cimabue, nous avons trouvé partout l’école byzantine, étrange existence, prolongement difforme de l’hébétement et de la décadence de Rome, au sein duquel battait cependant la pensée chrétienne. Cimabue venait à peine de naître, que les ouvriers byzantins, menés par on ne sait quel pressentiment d’une vive attaque, déjà s’acharnaient à améliorer leurs vieilles routines et à anoblir leurs rudes images. La Toscane, surtout, était le foyer de ces tentatives. À Pise vivait le célèbre Giunta dont l’immense popularité semble avoir été un dernier remercîment de l’Italie à ses anciens maîtres. À Sienne, vivait Guido ; à Lucques, Bonaventura Berlinghieri  ; et à Arezzo, l’octogénaire Margaritone