Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/417

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dont les plaintes et le dépit amer répondaient aux envahissements et aux railleries de la jeunesse qui cherchait d’autres principes et se prenait à douter des vieux exemples. Le noble Cimabue paraît en avoir donné le signal ; mais ce qui est certain, c’est qu’un pauvre enfant deviné par lui, son fils d’adoption, son élève Giotto, devait rompre irrémissiblement avec les traditions byzantines. Le succès du Giotto annonça, en effet, leur abandon incessant et rapide. Ceux qui continuaient à les suivre, soit par nécessité, soit par habitude, soit par faiblesse d’esprit ou par entêtement, ne pouvaient déguiser ni les embarras que ce parti pris leur causait, ni les concessions que la concurrence des élèves du Giotto leur arrachait. Buffalmacco, l’insouciant écolier de Tafi, cédait à leur ascendant ; Ugolino, le Siennois entêté, et Cavallini, le Romain dévot, se laissaient entraîner tout en se cramponnant, tout en se signant. Les héritiers directs du Giotto, les Stefano, les Taddeo Gaddi, poussaient avec vigueur la révolution entamée si hardiment par le maître, tandis que leurs rivaux de Sienne, les Ambrogio, les Pietro Lorenzetti, les Simone Memmi, s’excitaient entre eux et s’associaient pour égaler leurs progrès et leur gloire, dans le Campo-Santo de Pise. Quelle fonction nouvelle pouvait-il donc y avoir à prendre au milieu de tous ces hommes consciencieux qui marchaient ? Quelle ambition nouvelle pouvait-il y avoir à nourrir au milieu de tous ces artistes qui se rivalisaient ? L’Orcagna le sut. Et vraiment on dirait, à voir la netteté de son coup d’œil, la franchise de sa dé-