Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/444

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du gain. Dans sa jeunesse, Agnolo peignit à Sant’-Iacopo-tra’-Fossi une Résurrection de Lazare dont les figures ont un peu plus d’une brasse de proportion. Les apôtres et d’autres personnages, dans des attitudes expressives et variées, se bouchent le nez, les uns avec leur manteau, les autres avec leur main, pour éviter l’odeur infecte répandue par le corps du Lazare, dont les chairs livides et violacées reprennent vie à la joie de Marthe et de Marie. Cette composition, d’un mérite réel, annonçait qu’Agnolo laisserait derrière lui tous les élèves de Taddeo, et Taddeo lui-même. Mais il en fut autrement. Si la volonté et la jeunesse sont capables de vaincre les plus grandes difficultés, souvent aussi les années apportent une mollesse qui, au lieu de faire avancer, rejette bien loin en arrière. C’est ce qui advint à Agnolo. La famille Soderini, ayant vu son premier essai, attendit de lui un chef-d’œuvre, et lui confia le soin de décorer la grande chapelle dei Carmine. Il y représenta l’Histoire de la Vierge ; mais il resta tellement au-dessous de sa Résurrection de Lazare, qu’il fut évident pour chacun qu’il ne voulait plus s’occuper sérieusement de son art. De tous les tableaux de cette chapelle, il n’y a de bon que celui où l’on voit la Vierge entourée de jeunes filles occupées, les unes à filer, à coudre, les autres à charger des bobines, à tisser ou à broder. Dans la grande chapelle de Santa-Croce, il peignit à fresque, pour la noble famille des Alberti, l’Histoire du recouvrement de la sainte croix. On remarque dans cet ouvrage un bon coloris, beaucoup de pratique et peu