Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/61

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l’art catholique voient-ils la chose ? Eux qui viennent étourdiment prendre Cimabue, ce premier et consciencieux récalcitrant, pour leur drapeau ; eux qui rangent parmi leurs saints tous ces échappés de l’école byzantine, tous ces obstinés révolutionnaires que nous allons voir venir en foule à sa suite, à commencer par le Giotto, son élève. Il nous semble qu’il y a là une erreur bien grave, des prétentions inconciliables, des explications erronées, et un non-sens grossier, que personne jusqu’ici sur notre terrain n’a signalé. Comme nous sommes à même de le faire, comme la théorie en question nous paraît dangereuse, et devoir grandement préjudicier à nos écoles déjà assez en peine, nous tâcherons de ne pas déserter l’examen que notre position d’annotateurs du Vasari nous confère. Mais nous devons suivre forcément notre auteur, au fur et à mesure que son texte se déroule ; et, comme sa marche, surtout à son début, peut paraître assez peu rationnelle, nous croyons bon de nous expliquer sur le parti que nous prendrons pour y suppléer tout en nous y conformant.

Nous soulèverons particulièrement dans ce premier volume les questions, soit d’histoire, soit de critique, qui nous paraîtront propres à faciliter l’intelligence des premiers temps de l’art moderne, et à prévenir les fâcheuses influences sous lesquelles on se laisse aller trop souvent en l’appréciant. On pourra donc y rencontrer, à la suite de plus d’une biographie, des considérations en apparence étrangères, ou du moins peu exactement attachées ; mais toutes