Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/62

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concourront à établir, pour le lecteur et pour nous, un point de départ solide pour tout l’ensemble. Après avoir dit à quel point de vue nous nous placions dans nos jugements, après avoir jeté un coup d’œil rétrospectif sur le passé, sans négliger la rectification des erreurs de détails qui ne pouvaient s’ajourner, viendront les questions plus positives de la technique renaissante, et la constatation de tous les progrès accomplis. L’œuvre des promoteurs de l’art moderne n’a été ni interrompue, ni morcelée ; elle s’est au contraire poursuivie et déroulée de la manière la plus régulière et la plus complète jusqu’à son développement suprême. Chacun des vieux maîtres dont Cimabue ouvre la série a été reproduit fidèlement par quelqu’un des hommes progressifs de la seconde époque, et nous retrouverons, pour les comparer entre eux, Giotto et Masaccio, Stefano et Uccello, le Lapo et Brunelleschi, Antonio et Giovan Bellini, le Pisan et le Ghiberti, les Siennois et le Fiesole, Benozzo Gozzoli et le Pérugin. Ces rapprochements et tant d’autres pourront mieux mettre en saillie les uns et les autres. Ici, nous devons surtout nous occuper de décrire les circonstances qui ont précédé l’apparition des premiers ; car, tous ces vénérables fondateurs des écoles modernes, comme ces hermès à deux faces, que les anciens plaçaient le long de leurs routes et dans leurs champs, ne se peuvent pas bien envisager dans la route et dans les champs de l’art, d’un point de vue unique. Il faut d’abord marcher à eux et les franchir, puis se retourner pour bien voir leurs deux faces.