Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/697

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son enfance, on lui fit étudier les lettres. Ses progrès furent prodigieux ; mais il se sentait entraîné ailleurs par sa vocation, au grand déplaisir de Ser Brunellesco, qui le destinait à l’état de notaire qu’il exerçait lui-même, ou à celui de médecin, dans lequel s’était distingué Maestro Ventura Bacherini. L’aptitude du jeune Filippo pour toutes les choses d’adresse, et son intelligence pour les ouvrages de la main, déterminèrent enfin son père à le placer chez un orfèvre de ses amis, après lui avoir fait apprendre l’arithmétique. Filippo travailla avec ardeur, et ne tarda pas à savoir monter les pierres fines, mieux que les plus anciens du métier. C’est alors qu’il exécuta les deux Prophètes en argent qui ornent l’autel de San-Jacopo de Pistoia, et des bas-reliefs qui annoncent que son génie devait le pousser vers de plus hautes entreprises. Il rencontra des artistes laborieux, qui lui dévoilèrent les secrets de la physique et de la mécanique, et bientôt il produisit des horloges d’une beauté extraordinaire. Il aspira ensuite à devenir l’émule du jeune sculpteur Donatello, avec lequel il se lia d’une telle amitié, qu’il semblait ne pouvoir vivre sans lui. Tout en se livrant à ces nombreuses études, Filippo prouva qu’il était habile architecte, en présidant à la construction de la maison de son parent Apollonio Lapi, et de la tour della Petraia, à Castello, hors de Florence ; et en opérant diverses distributions dans le palais de la Seigneurie, qu’il décora de portes et de fenêtres imitées de l’antique, qui alors était si peu usité en Toscane.