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ville. Les deux amis ne tardèrent pas à se mettre à mesurer les corniches, et à lever les plans des édifices. Ils ne regardèrent ni au temps, ni à l’argent, pour ne laisser à Rome et dans ses environs aucun endroit, sans visiter et sans y étudier ce qu’ils pouvaient rencontrer de bon.

Filippo, tout entier à l’étude, oubliait les soins de la vie, les heures des repas et du sommeil. Deux vastes idées ne cessaient de le préoccuper. Il voulait d’abord remettre en honneur la bonne architecture antique, espérant ainsi placer son nom à côté de ceux de Cimabue et de Giotto ; et ensuite il cherchait le moyen de réunir les quatre nefs de Santa-Maria-del-Fiore par une immense coupole dont personne, depuis la mort d’Arnolfo di Lapo, n’avait osé se charger sans faire une dépense prodigieuse de charpentes. Brunelleschi ne parlait de ce projet à personne, pas même à Donato ; mais, pour en assurer la réussite, il dessinait et étudiait toutes les voûtes antiques et particulièrement celle de la Ritonda.

Filippo et Donato ne manquaient jamais de faire opérer des fouilles lorsqu’ils rencontraient des morceaux de chapiteaux, de colonnes et de corniches. Comme un jour ils tombèrent sur un vase antique plein de médailles, on crut qu’ils s’occupaient de géomancie pour trouver des trésors ; et quand ils passaient dans les rues de Rome, on les appelait les hommes au trésor. Cependant ces fouilles, ces excursions épuisèrent les ressources de nos deux artistes. Donato retourna à Florence, et Brunelles-