Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/710

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l’envie de ses rivaux et de l’instabilité de ses compatriotes. En effet, il n’y a pas un homme à Florence qui ne se pique d’en savoir autant que les maîtres les plus expérimentés, et cependant, disons-le sans offenser personne, combien peu nombreux sont les vrais connaisseurs !

Filippo reprit donc courage. Il attaqua séparément ceux qu’il n’avait pu convaincre réunis en assemblée. Il entreprit tantôt un consul, tantôt un intendant, tantôt un des citoyens qui avaient assisté aux délibérations ; il leur laissa entrevoir une partie de ses dessins, et les somma de jeter leur choix sur lui ou sur un des architectes étrangers. Les consuls, les intendants et les citoyens se rassemblèrent de nouveau. Les architectes recommencèrent leurs discussions, mais ils furent tous vaincus par Filippo. Ils pressèrent notre artiste de communiquer ses moyens d’exécution et son modèle, mais il s’y refusa et se contenta de leur présenter un œuf en disant : « Celui qui le fera tenir debout sera digne de faire la coupole. » Ses rivaux consentirent à tenter l’expérience. Aucun ne put réussir. Brunelleschi résolut le problème en cassant la pointe de l’œuf sur une table de marbre. Chacun de s’écrier qu’il en aurait fait autant. Filippo leur répondit en riant qu’ils sauraient également faire la coupole s’il leur montrait son modèle.

Filippo, ayant ainsi obtenu la conduite de ce grand ouvrage, fut invité à exposer aux consuls et aux intendants les moyens qu’il comptait mettre en œuvre. Il rentra aussitôt chez lui pour écrire ce qui suit :