Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/730

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Cette église a cent quarante-quatre brasses de longueur. On y rencontre beaucoup d’incorrections : par exemple, les pilastres qui sont sur les marches ont leurs bases plus élevées que celles des colonnes qui sont sur le meme niveau, ce qui produit un très-mauvais effet. Du reste, on doit accuser de ces défauts les architectes qui succédèrent à Filippo. En gâtant cet édifice et ceux qu’il laissa inachevés et qui tombèrent entre leurs mains, ils essayèrent de se venger des sonnets satiriques qu’il avait lancés contre leurs modèles.

Brunelleschi traça lui-même les plans et construisit une partie de la maison canoniale des prêtres de San-Lorenzo. Le cloitre a cent quarante-quatre brasses de longueur.

À peu près vers ce temps, Cosme de Médicis chargea Filippo de lui présenter le modèle d’un magnifique palais qu’il voulait bâtir sur la place, en face de San-Lorenzo. Filippo remercia la fortune qui lui offrait enfin l’occasion de satisfaire l’ardent désir que depuis plusieurs années il avait de construire un palais. Il consacra tous ses soins à cet ouvrage ; mais son projet parut trop vaste et trop somptueux à Cosme de Médicis qui n’osa l’entreprendre, moins à cause de la dépense que dans la crainte d’exciter l’envie de ses compatriotes. De dépit, Brunelleschi brisa son modèle en mille pièces. Plus tard, Cosme se repentit de ne pas l’avoir mis à exécution, car il savait apprécier notre artiste : il avouait n’avoir jamais rencontré dans aucun homme un esprit aussi intelligent et une âme aussi élevée  (8).