Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/736

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boutonné la mandorla. Alors éclataient les chants de tous les anges, et l’on croyait voir l’image du paradis. Une musique ravissante et, près du globe, Dieu le Père environné d’anges contribuaient à rendre l’illusion plus frappante. Afin de pouvoir ouvrir et fermer le ciel, Filippo avait fait deux grandes portes, dont chacune avait cinq brasses carrées. Elles étaient arrangées de telle sorte qu’il suffisait d’une simple corde pour les ouvrir ou les fermer. Elles servaient, pour ainsi dire, à deux fins : quand on les tirait, elles produisaient un bruit semblable aux roulements du tonnerre ; et quand elles étaient fermées, elles cachaient les préparatifs de la représentation. Les uns attribuent ces inventions et d’autres du même genre à Brunelleschi, les autres prétendent quelles étaient déjà connues depuis longtemps. Quoi qu’il en soit, il nous a paru convenable de décrire ces appareils dont l’usage s’est entièrement perdu  (12).

Revenons à Filippo. Sa renommée s’était tellement accrue que de tous les côtés on lui demandait des dessins et des modèles  (13). Le marquis de Mantoue, entre autres, désirait vivement le posséder. Il écrivit à la seigneurie de Florence, qui le lui envoya. L’an 1445, Filippo se rendit donc auprès de ce prince. Il lui donna les dessins des digues du Pô et de divers ouvrages. Le marquis de Mantoue l’accabla de faveurs. Il répétait souvent que Florence était aussi digne de compter Filippo au nombre de ses citoyens, que celui-ci d’avoir une si noble ville pour patrie,