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dèrent leurs inspirations. Lorsque Constantin eut transféré le siège de l’empire romain à Byzance, il construisit, sur le haut d’une colline, une basilique dédiée à sainte Sophie ; mais elle ne tarda pas à être renversée de fond en comble par un tremblement de terre. Au même endroit, son fils Constantin en bâtit une autre plus vaste qui fut à moitié détruite, sous Arcadius, dans une sédition excitée contre saint Jean Chrysostome. À peine les dégâts qu’elle avait soufferts étaient-ils réparés, qu’elle fut brûlée, sous Honorius. Rétablie sous Théodose le Jeune, elle devint la proie du furieux incendie qui désola la ville, la cinquième année du règne de Justinien. Aussitôt Anthemius de Thralles et Isidore de Milet, les plus habiles architectes du temps, furent chargés par l’empereur d’exécuter l’édifice qui nous occupe à présent, et qui subsisterait encore aujourd’hui, dans toute son intégrité, si les mahométans, qui l’ont converti en mosquée, ne lui eussent fait subir les altérations nécessitées par leur culte.

Ce monument, le dernier et le plus beau du Bas-Empire, exerça, comme on l’a déjà dit, une puissante influence sur le sort de l’architecture. « Constantinople, écrit Leroy, donnait alors dans les arts les lois à l’Europe. Aussi les Vénitiens, qui copièrent avec assez de sagesse à Saint-Marc ce que la disposition de Sainte-Sophie avait d’heureux, ne purent se défendre d’imiter le mauvais goût qui régnait dans la décoration extérieure. La ressemblance qu’on observe entre ces deux églises prouve d’une manière incontestable que