Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/755

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passait la toiture, et qui se terminait par une pointe aiguë d’où lui vint le nom de flèche ou d’aiguille qu’elle changea plus tard pour celui de clocher.

Néanmoins l’Italie avait résisté plus que les régions du nord à l’invasion du goût gothique, et, l’an 1298, Arnolfo di Lapo commençait l’admirable église de Santa-Maria-del-Fiore avec le projet d’y élever une coupole. La mort le priva de cette gloire qui était réservée à Brunelleschi.

Lorsque ce grand homme parut dans les premières années du quinzième siècle, c’est-à-dire cent vingt ans environ après Arnolfo di Lapo, l’architecture gothique était arrivée à son plus haut degré de splendeur. Mais, à cette époque, les lettres et les sciences avaient déjà obéi à un providentiel mouvement, et les arts ne pouvaient lui demeurer étrangers ; car, si, d’un côté, par leur nature, ils se refusent à élaborer les idées, d’un autre côté, ils sont destinés, par cette nature même, à constater et à compléter les idées dès qu’elles ont été mises au jour. Initié de bonne heure à la littérature et aux sciences, Brunelleschi, ainsi que nous l’apprend Vasari, prenait souvent une part brillante à ces conférences philosophiques issues des doctrines dantesques, où l’on cherchait à harmoniser et à développer toutes les tendances et toutes les facultés en invoquant le génie de l’antiquité si longtemps méprisé. Rien de plus naturel alors qu’il songeât à fouiller le champ de la tradition pour en rapporter à l’architecture, à laquelle il s’était dévoué, d’inappréciables trésors analogues à ceux dont il voyait