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dones et de tous les bas-reliefs en marbre et en bronze, dont il enrichit le palais Médicis, nous entraînerait trop loin. Cosme affectionnait tellement Donato, qu’il ne le laissait jamais manquer de travail. De son côté, Donato était si dévoué à Cosme, qu’il savait deviner et satisfaire ses moindres fantaisies.

Un marchand génois commanda un jour à Donato un buste en bronze, grand comme nature et d’une extrême légèreté, parce qu’il devait être envoyé au loin. Lorsqu’il eut achevé cet ouvrage qui, dit-on, lui avait été procuré par l’entremise de Cosme, il ne put s’entendre avec le marchand, qui l’accusait de demander un prix trop élevé. Il fut convenu qu’on s’en tiendrait à la décision de Cosme. Le buste fut donc apporté dans le palais, et placé sur le balcon d’une fenêtre du côté de la rue. Cosme, après avoir écouté les deux parties, jugea trop modique l’offre du marchand. Celui-ci objecta que le buste avait coûté à Donato tout au plus un mois de travail, et qu’un demi-florin par jour devait le contenter. Blessé par ces paroles, Donato s’écria que dans la centième partie d’une heure il avait su travailler autant qu’un autre en une année, et que ce Génois montrait bien qu’il avait coutume de marchander des haricots et non des statues. En même temps, il précipita son buste dans la rue où il se brisa en mille pièces. Le marchand se repentit alors de sa ladrerie et promit de doubler la somme, si Donato consentait à recommencer le buste ; mais notre sculpteur ne répondit que par des refus même aux instances du duc.

En reconnaissance des services que lui avaient