Aller au contenu

Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le quatorzième siècle, les données gothiques dominèrent dans la sculpture et dans l’architecture, le génie énergique et inventif de Giotto imprima à la peinture une tendance nouvelle et toute particulière. Cette tendance, basée sur une étude plus libre de la nature, en empruntant à l’époque contemporaine tout le costume et l’accessoire, et en visant principalement au dramatique, avait bien, sous ces rapports, des points de ressemblance avec la manière qui s’était manifestée dans les autres écoles, et qui, dans quelques cas isolés, avait déjà fait apparition auparavant en Italie ; mais elle surpassait cette dernière en clarté et en beauté par un caractère plus énergique, et cependant par une exagération moins grande dans l’expression des têtes, par un maniement plus gracieux et plus ingénieux des gestes, enfin par un sentiment plus exquis des masses et des lignes de la composition. Dans les masques de ses personnages bien proportionnés, Giotto introduisit un nouveau type pour lequel des yeux étroits et longuement fendus, un nez long et droit et un menton étroit, sont des traits caractéristiques. Le dessin des autres formes du corps est faible et n’atteint la justesse que dans les indications les plus générales. Cette manière de Giotto fut adoptée dans la plus grande partie de l’Italie, quoique avec des nuances différentes, et régna pour ainsi dire sans rivale jusqu’à la fin de la période qui nous occupe[1].

  1. Voyez, à la Bibliothèque Royale, le manuscrit très-riche et très-beau d’un Psautier, volume in-folio (suppl. franc., no 1132 bis), qui montre d’une