Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/240

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port de l’invention et sous celui de l’exécution[1] En Italie, où les républiques sentaient chaque jour grandir leur prospérité et s’élargir leur avenir, on voit l’art byzantin se maintenir davantage. Jusqu’en 1300, ce n’est plus qu’à grande peine qu’on trouve éparses quelques marques de l’influence du style gothique déjà régnant souverainement chez les autres peuples occidentaux. L’art byzantin sembla même se raviver dans les travaux de quelques maîtres vraiment dignes de ce nom par leur conviction, leur talent et leur caractère. Le Vasari nous a entretenus de quelques-uns d’eux, des Margaritone d’Arezzo, des Cimabuë, des Taffi, des Gaddi de Florence, des Duccio de Sienne, encore purement byzantins, mais donnant la main à l’art moderne qui par leurs efforts consciencieux va venir jeter quelque vie et quelque grâce aux types traditionnels que leurs prédécesseurs leur avaient légués sous une forme immobile ; mais, bientôt après, l’Italie se lance dans un mouvement parallèle à celui de la France et des Pays-Bas. L’influence byzantine cède, et des affections plus libres et plus originales se manifestent comme partout ailleurs en Occident ; la peinture se retrempe dans l’observation et le sentiment de la réalité. La gouache devient d’un emploi général. Par les ressources qu’elle offre à l’ouvrier, cette exécution était plus en rapport que l’enluminure avec toutes les nécessités et toutes les difficultés de son travail de plus en plus varié et ambitieux. Lorsque, durant

  1. Voyez le célèbre manuscrit des Minnesaenger, grand in-4o, de la fin du treizième siècle (manusc. franc., no 7266).