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Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/364

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tranchaient résolument toutes ces perplexités. Leur action intelligente et rapide répondait, sans y prendre garde, aux spéculations oiseuses et léthargiques des amasseurs de nuages. Ces grands maîtres, dans les choses belles et ingénieuses, décidaient, de leur souveraine autorité, que celui-là se montrait incontestablement un artiste en faisant bien ce qu’un autre aurait pu faire mal, en procurant un agrément infini là où un autre aurait pu donner un ennui extrême. Les Raphaël, les Bramante, les Jules Romain, les Tribolo, et tant d’autres, en dessinant de magnifiques jardins, croyaient non-seulement à l’art de les former, mais encore aux difficultés de cet art. Ces peintres, ces architectes, ces sculpteurs, en employant toutes les ressources de leur savoir, en appliquant tous les principes d’ordre, de convenance, d’harmonie que leur œil observateur et leur intelligence saine trouvaient écrits dans la nature, unissaient indissolublement l’art d’ordonner les jardins, à leurs arts, nommés, d’un consentement unanime, arts d’imitation. Cela fut entendu de même par un de nos plus grands artistes, Le Nôtre, qui, élevé à l’enseignement des maîtres de l’Italie, et gardant, pour sa gloire, l’originalité et le caractère propre à notre nation et à notre climat, sut comme eux soumettre à des plans magnifiques, à des combinaisons savantes, bâtiments et plantations, statues et arbres, bassins et cascades, bois et parterres, berceaux et charmilles, grottes et terrasses, et tant d’autres éléments de la plus charmante et de la plus splendide unité.